Hache Moulin

L'école et l'égalité des sexes

Le rôle de l’école, où les élèves passent environ 30 heures par semaine pendant les 18 ans que dure en moyenne leur scolarisation, est central pour construire aujourd’hui la société égalitaire de demain. Pourtant, des travaux de recherche menés depuis plus de 20 ans ont montré que les personnels enseignants et d’éducation sont aux prises, comme l’ensemble de la société, avec les stéréotypes sexistes et reproduisent des attentes différenciées vis-à-vis des filles et des garçons : les évaluations des élèves sont différentes selon leur sexe (à même niveau, les commentaires des bulletins de note apprécient le « travail » des filles quand les garçons « ont des capacités » inexploitées) ;  les enseignant.e.s interagissent en moyenne plus fréquemment en classe avec les garçons (56 %) qu’avec les filles (44 %) ; dans les programmes comme dans les manuels scolaires, l’importance des femmes est minorée et elles restent cantonnées à des rôles traditionnels (dans les manuels de lecture de CP, les femmes représentent 40  % des personnages et 70  % de ceux qui font la cuisine et le ménage, mais seulement 3  % des personnages occupant un métier scientifique) ; des violences en milieu scolaire sont produites par le sexisme (les filles sont deux fois plus nombreuses à déclarer avoir été la cible d’insultes relatives à leur comportement sexuel ou amoureux et 20 % d’entre elles déclarent avoir renoncé à une tenue vestimentaire par souci de leur « réputation ») ; l’occupation de l’espace dans la cour de récréation est, dès le plus jeune âge, très sexuée ; les sanctions disciplinaires concernent très majoritairement les garçons (entre 76 % et 84 % des élèves puni.e.s sont des garçons) qui peuvent avoir tendance à interpréter le système punitif comme un moyen de se faire valoir et d’affirmer leur virilité ; enfin l’orientation des filles et des garçons reste toujours très sexuée. Malgré en moyenne une meilleure réussite scolaire, les filles se concentrent sur un éventail plus restreint de formations puis de secteurs professionnels souvent moins prestigieux socialement et moins bien rémunérés.



05/09/2017
0 Poster un commentaire